Nous avons vu dans le cours que si le langage est universel, les langues sont particulières (voir carte ci-dessous). Les hommes parlent entre 3000 et 4000 langues différentes. Il est difficile de préciser car la différence entre langue et dialecte n'est pas nette. Un dialecte est l'entité régionale d'une langue (le picard et le ch'ti ne sont pas des langues mais des dialectes).
Carte de la répartition des différentes familles de langues |
L'origine
de cette diversité reste inexpliquée bien que très nombreuses
hypothèses, tout aussi diverses que contradictoires, aient été émises, au point que lors de sa fondation en 1866, la Société linguistique de Paris avait décidé d’inscrire dans ses statuts l’interdiction de toute communication sur l’origine du langage.
Y a-t-il eu une "langue mère", matrice de toutes les autres ? Si oui, comment en être scientifiquement assuré et à quoi pouvait-elle ressembler ? Les linguistes sont aujourd’hui capables de répartir les langues en familles en identifiant entre elles des parentés, par exemple les langues indo-européennes dont le territoire s'étend de l'Oural aux Açores et de l'Islande à l'Inde. Ils parviennent ainsi à constituer l'arbre généalogiques des langues, appelés phylum (voir schéma ci-dessous).
La recherche rationnelle ne semble pas pouvoir aller au-delà de cette répartition, de ce classement. L'imagination le peut. L'origine des langues fait en effet l'objet de nombreux mythes, tout particulièrement celui de la tour de Babel.
Dans la tradition biblique, la diversité des langues y apparait comme une punition divine de la démesure des hommes (les grecs de l'Antiquité parleraient d'hybris). L'efficacité de la collaboration des hommes, rendue possible par le partage d'une seule et même langue, les conduisit à élever une tour aussi haute que le ciel. Dieu mit fin à cette entreprise impie en instaurant la diversité des langues. Voici le texte de la Genèse (11, 1-9) :
Dans la tradition biblique, la diversité des langues y apparait comme une punition divine de la démesure des hommes (les grecs de l'Antiquité parleraient d'hybris). L'efficacité de la collaboration des hommes, rendue possible par le partage d'une seule et même langue, les conduisit à élever une tour aussi haute que le ciel. Dieu mit fin à cette entreprise impie en instaurant la diversité des langues. Voici le texte de la Genèse (11, 1-9) :
" Tout le monde se servait d'une même
langue et des mêmes mots.
Comme les hommes se déplaçaient à
l'orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s'y
établirent.
Ils se dirent l'un à l'autre : Allons
! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! La brique leur servit
de pierre et le bitume leur servit de mortier.
Ils dirent : Allons ! Bâtissons-nous
une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux !
Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre !
Or Yahvé descendit pour voir la ville
et la tour que les hommes avaient bâties.
Et Yahvé dit : Voici que tous font un
seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de
leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable
pour eux.
Allons ! Descendons ! Et là,
confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les
autres.
Yahvé les dispersa de là sur toute la
face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là
que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et
c'est de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre."
Ce récit a inspiré et inspire encore de nombreux artistes, comme l'a montré l'exposition récente au Palais des Beaux-arts de Lille. Dans le tableau ci-dessus Bruegel choisit de montrer la tour pendant sa construction, il souligne donc le savoir et la collaboration des hommes, mais dans le ciel un nuage noir se dessine présageant le châtiment divin. La diversité des langues peut en effet apparaître comme un obstacle à la communication. Elle rend impossible ce pourquoi le langage est fait : communiquer. Comment en effet communiquer quand les interlocuteur n'ont pas de langue commune ? Il faut traduire. Mais comme le dit la langue italienne traduttore traditore, traduire, c'est trahir. Mais n'est-ce pas aussi un moyen pour les différentes langues de s'enrichir mutuellement ? Aucune langue n'est pure, elles portent toutes des traces d'acculturations linguistiques. Le roman Le premier mot de Vassilis Alexakis en donne la preuve :
Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569), La Tour de Babel, 1563, Kunsthistorisches Museum, Vienne |
"Effrayé par la guerre, le maréchal félon abandonne son étendard, son arquebuse et sa hache, et s'épanouit au bordel du marquis normand. " Tous ces termes sont des emprunts faits aux langues germaniques, qui appartiennent à la famille indo-européenne. Tu veux entendre quelques mots d'origine arabe ? "Quand il a le cafard, le caïd des mafieux sirote de l'alcool d'abricot en se massant la nuque."
On peut dès lors se demander si la diversité des langues est un obstacle à la communication ou bien l'occasion de l'enrichir.
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