samedi 6 octobre 2012

Faut-il se libérer des artifices de la culture ?

Nous avons dans le Cours 2 que la culture était une nécessité pour l'homme afin qu'il devienne humain. Cependant, la culture n'est pas sans effets pervers. Nous l'avons vu avec Rousseau. Une vive critique de la culture et de ses artifices avait déjà été formulée de façon particulière dans l'Antiquité par Diogène de Sinope, appelé Diogène le Cynique.
Vous trouverez ci-dessous ce qu'on rapporte à son sujet (extraits tirés de Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, Livre VI) :

[DL, VI, 23] Il avait écrit à quelqu'un de lui trouver une maisonnette. Comme ce dernier tardait à le faire, Diogène établit sa demeure dans un tonneau près du Métroon. L'été, il s'y roulait dans le sable brûlant, tandis que l'hiver, il embrassait les statues couvertes le neige, tirant ainsi parti de tout pour s'endurcir. 
 
[DL, VI, 37] Voyant un jour un petit garçon boire dans ses mains, il jeta son gobelet hors de sa besace en s'écriant : « Un gamin m'a dépassé en frugalité ! ». Il se débarrassa aussi de son écuelle quand il vit pareillement un enfant qui avait cassé son plat prendre ses lentilles dans le creux d'un morceau de pain.

[DL, VI, 37] Il aperçut un jour une femme prosternée devant les dieux d'une façon inconvenante ; voulant l'arracher à sa superstition, il s'en approcha et lui dit : « Ne crains-tu pas, ma fille, qu'un dieu ne se tienne par hasard derrière toi – tout est plein de sa présence en effet – et alors ne manquerais-tu pas de tenue ? »
[DL, VI, 38] Il prenait le soleil au Cranéion ; survint Alexandre qui lui dit, se tenant devant lui : « Demande-moi ce que tu veux ! » - « Arrête de me faire de l'ombre ! » répliqua Diogène.

[DL, VI, 69] Se masturbant même en public, il disait : «Ah ! Si seulement on pouvait faire cesser la faim en se frottant ainsi le ventre ! »
[DL, VI, 791 ] Certains racontent que, sur le point de mourir, il ordonna qu'on le jette au dehors, sans sépulture, livré en proie aux bêtes sauvages, ou bien qu'on le culbute dans quelque fosse en le recouvrant d'un peu de poussière.

Questions :
  1. Examinez l'argumentation des textes. S'agit-il de démonstrations ?
  2. Au sujet d'une transgression de Diogène relevez, quelle règle sociale fondamentale lui correspond et quelle est son importance pour l'ordre social.
  3. Diogène cherche-t-il vraiment à se faciliter la vie ? Quelle est son exigence ? S'agit-il d'un retour à la nature ?
Diogène veut dépasser les règles et normes sociales pour se libérer de lui-même, par exemple en s’endurcissant. Il cherche une sorte d'indépendance absolue, qui peut paraître inhumaine, bestiale mais qui serait le chemin vers le bonheur. Il ne s'agit donc pas dans le cas de Diogène d'un retour à la nature mais d'un dépassement de certaines normes et valeurs culturelles.
Diogène, comme Rousseau critique la culture, mais à la différence de Rousseau, il n'imagine pas que les hommes avant la société et une culture développée étaient bons et heureux. Il croit que c'est au-delà de la vie sociale que le bonheur et le bien se trouvent.

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