dimanche 28 octobre 2012

Peut-on tolérer toutes les pratiques culturelles ?

Dans le Cours 2 Séance 3, nous avons abordé le cas problématique de l'excision comme pratique culturelle jugée barbare. Pour plus d'information sur ce rite, vous pouvez visiter le dossier d'Arte consacré à cette question.

Le journal Le Monde publiait également le 23 octobre 2004 cet article de Raphaëlle Besse Desmoulières :

Près de 140 millions de femmes excisées dans le monde

Dans une étude rendue publique mardi 23 octobre, intitulée "Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en France", l'Institut national des études démographiques (INED) indique qu'entre 100 et 140 millions de femmes ont subi des mutilations sexuelles dans le monde.

Les deux chercheuses de l'INED à l'origine de l'étude, Armelle Andro et Marie Lesclingand, rappellent tout d'abord les nombreuses conséquences sanitaires et psychologiques liées à ces pratiques – infections, stérilité, difficultés lors de l'accouchement, angoisse, dépression –, avant de souligner que les mutilations sexuelles sont essentiellement pratiquées en Afrique subsaharienne et dans certains pays du Proche-Orient et d'Asie du Sud-Est. En Afrique, les mutilations, de l'excision partielle du clitoris à l'infibulation (suture de l'orifice vaginal), sont pratiquées dans vingt-huit pays. Mais le nombre de femmes excisées varie beaucoup selon les pays africains, relèvent les chercheuses, qui se sont appuyées sur des enquêtes nationales menées depuis les années 1990, de 1,4 % au Cameroun à 96 % en Guinée.

Environ 50 000 femmes adultes excisées en France

Bien que "la pratique des mutilations sexuelles féminines soit souvent présentée comme la conséquence d'injonctions religieuses, notamment de l'islam", les chercheuses indiquent que "l'excision était pratiquée en Afrique bien avant l'arrivée des religions monothéistes, et aucun texte religieux ne permet de la justifier". "Le principal facteur du risque de mutilation est l'appartenance ethnique et non la religion, poursuivent-elles, ces pratiques s'inscrivant traditionnellement dans les rites d'initiation associés à l'âge adulte dans certains groupes ethniques."

Les auteurs relèvent cependant que la pratique recule dans la plupart des pays africains depuis quelques années, "même si les changements sont lents dans certains". Ce recul s'explique de plusieurs façons : le degré de mobilisation des États – l'INED rappelant que c'est seulement depuis 2003 que les pays membres de l'Union africaine ont signé un protocole condamnant et interdisant les mutilations sexuelles –, ainsi que le niveau d'instruction des femmes.

La seconde partie de l'étude s'attache à décrire la situation en France, "une réalité liée à l'immigration des dernières années". Si le nombre de femmes concernées en France est mal connu, les chercheuses indiquent qu'il y avait, en 2004, environ 50 000 adultes excisées. "Une politique de prise en charge sanitaire reste à définir", soulignent-elles, en rappelant qu'une étape importante a cependant été marquée récemment avec la mise au point d'un protocole de chirurgie réparatrice, remboursé par l'Assurance-Maladie. Ces opérations, pratiquées dans une dizaine d'hôpitaux et de cliniques, surtout en Ile-de-France, ouvrent la voie à la réversibilité des lésions qu'entraîne l'excision. Enfin, une enquête nationale "Excision et handicap", finalisée à l'automne 2008, permettra de mieux connaître le phénomène en France et débouchera sur des propositions pour la prise en charge des femmes mutilées vivant en France, précise l'étude.

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