Dans le Cours 2 Séance 3, nous avons abordé le cas problématique de l'excision comme pratique culturelle jugée barbare. Pour plus d'information sur ce rite, vous pouvez visiter le dossier d'Arte consacré à cette question.
Le journal
Le Monde publiait également le 23 octobre 2004 cet article de Raphaëlle Besse Desmoulières :
Près de 140 millions de femmes
excisées dans le monde
Dans une étude rendue publique mardi
23 octobre, intitulée "Les mutilations sexuelles féminines :
le point sur la situation en Afrique et en France", l'Institut
national des études démographiques (INED) indique qu'entre 100 et
140 millions de femmes ont subi des mutilations sexuelles dans le
monde.
Les deux chercheuses de l'INED à
l'origine de l'étude, Armelle Andro et Marie Lesclingand, rappellent
tout d'abord les nombreuses conséquences sanitaires et
psychologiques liées à ces pratiques – infections, stérilité,
difficultés lors de l'accouchement, angoisse, dépression –, avant
de souligner que les mutilations sexuelles sont essentiellement
pratiquées en Afrique subsaharienne et dans certains pays du
Proche-Orient et d'Asie du Sud-Est. En Afrique, les mutilations, de
l'excision partielle du clitoris à l'infibulation (suture de
l'orifice vaginal), sont pratiquées dans vingt-huit pays. Mais le
nombre de femmes excisées varie beaucoup selon les pays africains,
relèvent les chercheuses, qui se sont appuyées sur des enquêtes
nationales menées depuis les années 1990, de 1,4 % au Cameroun à
96 % en Guinée.
Environ 50 000 femmes adultes excisées
en France
Bien que "la pratique des
mutilations sexuelles féminines soit souvent présentée comme la
conséquence d'injonctions religieuses, notamment de l'islam",
les chercheuses indiquent que "l'excision était pratiquée en
Afrique bien avant l'arrivée des religions monothéistes, et aucun
texte religieux ne permet de la justifier". "Le principal
facteur du risque de mutilation est l'appartenance ethnique et non la
religion, poursuivent-elles, ces pratiques s'inscrivant
traditionnellement dans les rites d'initiation associés à l'âge
adulte dans certains groupes ethniques."
Les auteurs relèvent cependant que la
pratique recule dans la plupart des pays africains depuis quelques
années, "même si les changements sont lents dans certains".
Ce recul s'explique de plusieurs façons : le degré de mobilisation
des États – l'INED rappelant que c'est seulement depuis 2003 que
les pays membres de l'Union africaine ont signé un protocole
condamnant et interdisant les mutilations sexuelles –, ainsi que le
niveau d'instruction des femmes.
La seconde partie de l'étude s'attache
à décrire la situation en France, "une réalité liée à
l'immigration des dernières années". Si le nombre de femmes
concernées en France est mal connu, les chercheuses indiquent qu'il
y avait, en 2004, environ 50 000 adultes excisées. "Une
politique de prise en charge sanitaire reste à définir",
soulignent-elles, en rappelant qu'une étape importante a cependant
été marquée récemment avec la mise au point d'un protocole de
chirurgie réparatrice, remboursé par l'Assurance-Maladie. Ces
opérations, pratiquées dans une dizaine d'hôpitaux et de
cliniques, surtout en Ile-de-France, ouvrent la voie à la
réversibilité des lésions qu'entraîne l'excision. Enfin, une
enquête nationale "Excision et handicap", finalisée à
l'automne 2008, permettra de mieux connaître le phénomène en
France et débouchera sur des propositions pour la prise en charge
des femmes mutilées vivant en France, précise l'étude.
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