jeudi 4 octobre 2012

La philosophie est-elle capable de changer le monde?

Nous avons vu dans le Cours 1 : Pourquoi philosopher ? une critique adressée à la philosophie. Elle se trouve sous la plume (il faudrait plutôt dire le stylet) de Platon mais dans la bouche de Calliclès : " cet homme [celui qui continue de faire de la philosophie après l'adolescence], aussi doué soit-il, ne pourra jamais être autre chose qu'un sous-homme, qui cherche à fuir le centre de la cité, la place des débats publics, " là où dit le poète, les hommes se rendent remarquables". Oui, un homme comme cela s'en trouve écarté pour le reste de sa vie, une vie qu'il passera à chuchoter dans son coin avec trois ou quatre jeunes gens, sans jamais proférer la moindre parole libre, décisive, éfficace."

Quelques siècles plus tard, Marx écrit dans la onzième et dernière de ses Thèses sur Feuerbach : " Les philosophes ont seulement interprété le monde de façons différentes ; il s'agit maintenant de le transformer."

Questions :
  1. Quelle conception de la philosophie Calliclès et Marx partagent-ils ?
  2. Quelle distinction est ici supposée entre "penser" et "agir" ?
  3. Cette distinction est-elle justifiée ?
  4. Quelle a été l'influence de la pensée de Marx sur les changements intervenus dans le monde à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle ?

2 commentaires:

  1. Je pense que la philosophie peut être la base de beaucoup des changements qui doivent s'opérer dans le monde pour atteindre le bonheur.

    Je pense, que la philosophie est l'une des matières principales dans l'éducation, que ce soit dès l'école primaire jusqu'à l'âge adulte. Comme l'explique Isabelle Peloux (http://www.colibris-lemouvement.org/agir/la-revolution-des-colibris/revivez-le-lancement-de-la-revolution-des-colibris), la philosophie permet l'éveil, l'interrogation de soi-même, l'interrogation sur la société. Sans cela, sans cet éveil à la vie, nous ne sommes que des consommateurs tristes et blasés.

    Je ne pense pas que la philosophie appartient à une époque. Elle est juste dissimulée par la société et ceux qui la dirigent, c'est voulu. La philosophie est en quelques sortes une morale qui permet l'éveil des consciences et qui mettrait en danger la place de certains ...

    Et je pense qu'aujourd'hui, cette citation: "Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d'émerveillement" (Gilbert Keith Chesterton) peut-être liée au fait que la "pratique", l'étude de la philosophie est moins répandue. Et le peu qu'on étudie la philosophie, en classe par exemple, la plupart des élèves ne prennent pas ça au sérieux malheureusement.

    Je n'ai jamais étudié la philosophie avant le lycée, mais j'ai toujours eu mon propre opinion et mes propres idées que j'ai acquis moi même sans influence (le moins possible) de l'éducation et des médias par le temps et la réflexion de ce qu'est la vie, la manière dont je peux la voir et la concevoir. A ça j'y attache des valeurs que je défends. Et je pense que même à partir de là, j'étais dans une "démarche philosophique". Et souvent, ça me permet de m’émerveiller de certaines choses qui n'ont plus aucune importance dans notre société.. que personne ne sait reconnaître, adolescent ou adulte.

    C'est à partir de ça, qu'on peut imaginer le changement, je pense.

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    1. En tant qu'enseignant de philosophie, je ne peux qu'aller dans votre sens. Il faut veiller cependant à ne pas tomber dans la théorie du complot. Je ne pense pas qu'il y ait une volonté collective, qu'elle soit politique, économique ou sociale, de faire taire ou disparaître la philosophie. Certes, Socrate fut bien mis à mort par la société athénienne à cause de sa dissidence, mais je pense surtout que la philosophie demande un effort intellectuel et qu'elle conduit à sortir de son égocentrisme, deux mouvements qui ne sont pas toujours spontanés chez l'homme, d'autant plus dans une société comme la nôtre, noyée sous l’accumulation des images, de l'immédiat et du futile. Le passé de la philosophie est en cela plus glorieux. Lucien Jerphagnon, un professeur extraordinaire (dont je parle dans ce billet : http://lechoixdebob.blogspot.fr/2011/12/lucien-jerphagnon-julien-dit-lapostat.html), a bien montré dans "Les divins césars" que dans la Rome Antique, le philosophe était le compagnon nécessaire du politique. Ce passé est-il complètement révolu ? Faut-il s'en féliciter ?

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